Un élève pilote d’ Aéro Alternative a décollé en oubliant son instructeur !

Comment est-ce possible qu’un élève aussi sérieux et assidu, décolle en laissant son instructeur sur le tarmac ?!

En avait-il marre d’emmener ce dernier qui ne touchait plus aux commandes depuis déjà quelques vols ?

ou bien est-ce l’instructeur qui est descendu de son propre chef pour le laisser enfin partir seul à bord de ce magnifique ULM Savannah ?

Penchons davantage pour cette 2ème option ; en effet, ce fût le 1er vol d’Estéban, seul à bord ; comme on dit en aéronautique : son « lâché ».

Ah ce fameux lâché !

Il y a de ces moments où on se sent prêt à relever les défis les plus audacieux, où l’on se sent capable d’affronter ses peurs et de réaliser ses rêves les plus fous.

Le lâché marque une marche à franchir dans la formation d’un pilote.

C’est le moment où son instructeur descend de la machine, referme la porte du cockpit et lance à son élève :

« à toi les commandes !
fais-moi 2 tours de pistes…
ça va bien se passer…
et surtout, prend plaisir ! »

C’est le moment où l’apprenti pilote prend les commandes de son propre destin où il s’envole vers les cieux avec l’assurance de maîtriser ce que son instructeur lui a transmis pour voler en toute sécurité.

C’est un moment où l’on se sent libre, où l’on se sent vivant, où l’on se sent heureux.

Le lâché, ce premier vol solo, est un symbole de courage et de détermination. Cela représente plusieurs vols de persévérance. C’est pour cela que le 1er lâché est un moment important dans la vie d’un pilote.

C’est également un moment où il apprend à se fier à son propre jugement et à sa propre capacité à gérer les risques.

Je ne connais pas un seul pilote qui ne s’est pas dit pendant ces quelques minutes, tout seul à bord avec un comportement étrange vu qu’un poids a disparu :

« je me pisse dessus mais je vais assurer »

envahit par un sentiment de doute mêlé à une véritable excitation : 

« Allez quand faut y aller,

faut y aller ! »

Depuis mes 18 ans, je l’ai vécu plusieurs fois lors de mes différents lâchés sur différentes types machines où j’ai dû réapprendre des façons d’aborder le pilotage.

A chaque fois, des émotions m’ont traversées : de la joie, voire des larmes… de bonheur.

Mais le vivre en tant qu’instructeur Stagiaire, c’est nouveau pour moi !

Je ne me doutais pas de la responsabilité, ma responsabilité, qui m’incombe dorénavant de décider ou non que mon élève puisse partir seul en vol, est très importante.

En effet, j’ai la responsabilité de sa vie entre mes mains.

Par contre, je ne pensais pas avoir autant d’émotions que mon élève.

Avant le lâché :
J’ai ressenti son stress tout en évaluant ses capacités techniques et émotionnels.

Une 1ère fois il n’était pas prêt. Quelques jours plus tard, ça l’a été et je l’ai convaincu qu’il pouvait partir en toute sécurité car moi, j’en étais plus que convaincu.


Durant le lâché :
Même si je filme d’une main pour immortaliser le moment, j’ai le doigt sur la radio portable ; prêt à lui indiquer une consigne ou interagir avec les éléments extérieurs pouvant le perturber.

On dit qu’on sait piloter quand on sait piloter en étant en dehors et devant de la machine, bref en anticipant.

Là, en regardant ce joli ULM à quelques dizaines de mètres, je ressentais ce que mon élève allait vivre :

« ce petit effet de vent… attention, la vitesse va s’écrouler… mets un peu de watt…

voilà, doucement, parfait … de cette façon…

et maintenant, tu me percutes le seuil de piste… là bien…
et tu regardes au loin… t’es bien dans l’axe ? …

allez, arrondi et tu me retiens la roue avant…
dépose en douceur… » …

YES quel joli atterrissage !!!

Après le lâché :

« Alors Estéban, c’est qui le patron ?…

Content ? »

J’ai vu dans le regard dans mon élève ce que j’ai vécu lors de mon 1er lâcher.
Du bonheur, de la fierté d’avoir franchi cette nouvelle étape, voir balayer tout ce qui pouvait faire que voler n’était pas fait pour moi, pour lui, pour nous pauvre terrien.
Il l’a fait ! Bravo.

Mon élève était stressé et ému… et je l’étais autant ! même si je ne lui ai pas montré 😉

Un de mes instructeurs m’a dit :

« Voler n’est pas un geste anodin »

J’ai pu réaliser lors de ce moment, qu’instruire en aviation, transmettre cette connaissance à quelqu’un pour appréhender le vol, ne l’est pas également.

Ma formation d‘instructeur continue sur sa lancée… j’espère que je pourrais encore revivre ce type de moment.

Merci à TOUTE l’équipe d’ Aero alternative de m’avoir préparé à gérer ce moment et de m’avoir permis de vivre cela ! quel bonheur !

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